Kryss: c'est pas tout d'être un troll...

Salut la compagnie. Je me présente, Kryss, Kryss Sumpter. Ouais, comme vous pouvez le voir, je suis un troll. Parait que ça saute aux yeux : deux mètres quarante-six, prés de deux cent kilos, un charmant regard noir… Pas de quoi faire tout un plat. Pour mon « espèce », je ne suis pas très grand, mais ça m’a rendu plutôt coriace. Et dans ma profession, ça m’a rendu bien des services.

Je suis ce que l’on appelle des muscles à louer. ‘Tention, je vous parle pas de n’importe quel gus de ma taille qui se promène avec un samedi soir et une batte pour faire le cador devant son p’tit monde. Non, moi, je suis ce qui se fait de mieux dans ma partie, comme dirait l’autre. Dans les ombres, il y a une frontière subtile entre vivre et survivre. Moi j’ai choisi la première solution. Il a fallu faire des choix, quelques sacrifices aussi. Mes premières économies ont été englouties dans pas mal de matos, et surtout pas mal de cyber. Un investissement précieux. Les compétences font le reste.

J’en vois dans le fond qui dit qu’il faut avoir une case en moins pour faire sa vie dans les Ombres. C’est pas faux, mais soyons sérieux, vous me voyez toute ma vie trimballer des caisses de bois énormes pour quinze nuyens par jour ? Très peu pour moi. Ca fait quelques années que je roule ma bosse et devinez combien de cadres corpos bien payés Troll j’ai rencontré ? Des idées ? Je vous le donne en mille, ZERO ! J’dis pas que vivre aux crochets de ces messieurs Johnson est une promesse de richesse, mais j’ai croisé assez de mes semblables dans des bidons-villes sordides, défoncés par tout ce qu’il trouvent pour oublier leur existence miséreuse, pour tenter autre chose.

En quelques années, je me suis fait une bonne réputation à Philly, le meilleur, j’vous dit. Ca roulait bien pour moi. Des contrats béton, une piaule de luxe. Le paradis. Bien sûr il a fallu que je tombe sur la gonzesse qu’il fallait pas. Mais que voulez vous, sa musculature fine et sa peau gris perle m’ont fait tourner la tête. Mais son keum était Ramhés, le patron de trois-quatre bars à putes de la ville. Il voulait me faire sauter le caisson, mais j’ai dégainé plus vite. Mais ce nigaud avait le bras long. Ma princesse m’a lâchée pour reprendre le business, et a placé un contrat sur mes cornes… C’est beau l’Amour… Voyez, pour me mettre dans la mouise aussi, je suis le meilleur !

Comme j’étais grillé, il fallait quitter Philadelphie. Seattle était ce qu’il y avait de plus loin sans visa. Je me suis dégotté un van avec mes dernières économies (ben ouais, faut bien faire la sieste)et me voilà sur le marché des Ombres de la ville où il pleut tout le temps. Alors si vous cherchez le meilleur, levez la tête et appelez moi !