Wolf, nouveau départ

[Ambiance enfumée d’un bar underground de Redmond. De la musique un peu forte, un odeur qui ferait fuir un clodo Ork, et des clients bigarrés aux carrures imposantes qui discutent des contrats passés et à venir]
Salut les p’tits gars. On m’appelle Wolf. C’est moi, à la table du fond, le gars blond en veste blindée qui partage une mousse avec deux potes. On dirait des camarades de régiment, hein, et à y réfléchir, c’est bien plus que ça. On était pendant quelques années les benjamins des Wild Dogs, un groupe de Shadowrunners purs et durs dirigé depuis prés de 15 ans par le réputé Gibson. Vous ne connaissez pas ? Je vous en parlerais un autre jour mais pour faire court, c’était le chef d’un groupe de pro qui a fait les beaux jours de pas mal de cadres corpos en mal d’équipe compétentes pour des boulots compliqués et illégaux. Pour vous expliquer à quel point c’était un bon, je crois que c’est un des rares samouraïs des rues à avoir fait assez de mission pour décider de prendre sa retraite des ombres et avoir survécu pour y arriver. Je ne sais si ça tient de la chance ou des compétences, sûrement des deux, mais voilà une véritable légende urbaine !

Bref, j’ai intégré son équipe il y a quelques années, lorsqu’un de ses gars a rencontré de trop prés une rafale d’Ingram. A cette époque, je vivais de quelques menus larcins et cambriolages pépères. Il m’a testé, recruté et a complété ma formation. Au fil des années, j’ai intégré parfaitement cette équipe, jouant mon rôle à fond. Comme disent les chansons, « c’est là que j’ai rencontré tous mes amis d’aujourd’hui …». Ceux qui sont rentrés dans le groupe à peu prés en même temps que moi. Un petit fixer black du nom d’Axel et un decker talentueux surnommé Moonway. Génération oblige, on s’est sérré les coudes et motivés pendant les coups de blues. Maintenant que Gibson et ses potes d’origine se sont retirés, les Wild Dogs n’ont plus lieu d’être. On se retrouve donc plus ou moins sans taf. Oh, bien sûr, on aurait pu reprendre l’équipe à notre compte et former des jeunes à notre tour, mais faut pas se voiler la face, Gibson et ses hommes ont beau m’avoir intégré, m’avoir aidé à compenser quelques faiblesses de la nature ou de compétences par de la cyber et de l’équipement, je ne leur arrive pas à la cheville. Oh, je suis doué, très doué dans mon domaine même. Mais de là à reprendre le flambeau et risquer de foirer la réputation de l’équipe, très peu pour moi. J’aurais l’impression de foirer le travail d’une vie qui n’est pas la mienne.

Alors, après avoir été l’équipier parfait pendant ces quelques années, l’heure est venue de faire mes armes en tant que samouraï des rues, seul. Sûr que je ferais des erreurs, qui n’en fait pas, mais je n’ai pas le luxe de pouvoir vivre sur mes réserves. Je connais bien Seattle (j’ai grandi à Auburn), et tout Seattle connaissait bien les Wild Dogs. Mais peu de monde connait Wolf le streetsam. Et si je veux arriver à quelque chose, va bien falloir que je me fasse un nom…